Disparition apparition
Ecrire dans l'urgence, filmer dans l'urgence. L'urgence de faire la nique au temps, à la mort qui gagne, à ce qui est et n'est déjà plus. Sans doute, mais aussi dire, regarder pour faire naître, apparaître ce qui, jusqu'alors, n'était pas. Le cinéma a ceci de paradoxal, qu'il garde une trace de ce qui a été et dans le même geste, fait surgir ce qui n'était pas encore advenu.
Disparition, apparition, mort et naissance, étrange contradiction d'une création inconcevable où ce qui se clôt sur l'absence, s'ouvre dans le même temps à la présence. Effet de volet, effet mécanique de fermer et d'ouvrir, fragmentation du temps en d'infinis présents, enchâssement d'univers parallèles. Et ceci dans le même geste. Avec peut-être la retenue de deux émotions, différentes, étrangères l'une à l'autre et pourtant indissolublement liées. Et puis sauver, perpétuer ce geste et aussi ce qui s'incruste sur la pellicule en réveillant les cristaux d'argent d'une émulsion, ce qui fait trace en un objet appelé, lui aussi, film. Sauver l'objet pour que cette magie-là recommence et recommence encore.