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Brabançonne de Vincent Bal

Publié le 15/12/2014 par Dimitra Bouras / Catégorie: Critique

Un titre fédérateur pour des harmonies discordantes

Il y a mille et une façons de parler de la Belgique, le plat pays, les différents linguistiques, les communautés qui se craignent et se surveillent du coin de l'œil, prêtes à s'accuser de tous les maux au moindre dérapage. 

Brabançonne de Vincent BalAdepte des comédies, Vincent Bal, venu de Gand, immigra à Bruxelles pour suivre les cours de cinéma de Sint-Lukas dont le film de fin d'études Bloody Olive le fit remarquer. Pour son premier long métrage, il avait adapté un conte connu de tous les enfants hollandais, Minoes, une histoire de chat transformé en jeune femme, qui avait déjà séduit les jeunes et moins jeunes spectateurs.

Avec Brabançonne, il a choisi le mode mineur et léger de la comédie romantico-dramatico-musico-politique. Car, sous les bons mots, les vannes et les gags pour rythmer le film, son film recèle de la critique du pouvoir. Que ce soit des fonctionnaires et élus communaux corrompus (rien de vraiment grave, mais le principe de s'octroyer des privilèges car on n'est pas surveillé est bien présent), des sponsors privés dictatoriaux qui font passer leurs intérêts au-delà de l'amour de la musique, des modèles sociaux et familiaux défaillants, créant des musiciens frustrés en plein désarroi, prêts à vendre leur âme au plus offrant pourvu qu'ils puissent jouer. Sont mises en scène deux harmonies, une Wallonne et une Flamande, s'affrontant pour le Grand Prix Européen. Alors que le soliste de l'harmonie flamande - Sint Cecilia - meurt sur scène pendant la qualification, la fille du chef d'orchestre, Elke, réussit à soudoyer le soliste de "En avant" l'harmonie wallonne, premier obstacle à sa conquête de la reconnaissance européenne, voire mondiale ! Tout est bon pour l'amour de l'art, ou du pouvoir, ou pour l'amour tout court.

On connaît la chanson...

L'autre prouesse de Brabançonne tient à sa forme de comédie musicale. Dès les premières séquences, le « la » est donné ; les comédiens s'adressent en chantant. On reconnaîtra dans le répertoire des chansons populaires francophones et flamandes, toutes belges et toutes ralenties au rythme de la parole. Curieusement les Amoureux solitaires de Lio (Dis, toi, dis-moi que tu m'aimes...) côtoient Oh Oh ik heb zorgen (Oh oh, j'ai un problème) de Louis Neefs, dans le bonheur des contrastes harmonieux.

Brabançonne suit la lignée du film léger, grand public, 50 % wallon, 50 % flamand et 100 % cliché, mais qui a encore plus de sens dans le contexte politique actuel. 

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