Elles m'ont dit de Richard Olivier
Richard Olivier aime saisir rapidement le événements qui le touchent. La récente acquisition d'une DV-Cam lui permet, comme jadis avec son Pentax, de capter d'opérer dans une proximité, une intimité avec les personnages que des équipes de cinéma - même légères - ne lui permettraient pas. Il aime, dans cet échange de sensibilité qu'est le dialogue, ne pas saisir que le dire mais tout ce qui s'exprime autour de la parole, l'intonation, les silences, les regards, la position des corps crispés ou relâchés, les gestes inconscients. Elles m'ont dit, film intimiste, lui a permis de travailler seul avec des femmes qu'il interroge sur leur vécu, leur solitude. Toutes ont le désir de séduire, toutes ont besoin d'êtres aimées et cherchent au gré de rencontres, le plus souvent éphémères, le compagnon qui pourrait les aider à supporter le poids de l'existence.
C'est ça l'arc du pitch ? En effet. Six femmes qui s'interrogent sur leur échec relationnel. C'est un sujet qui présente du vécu, donc de l'émotion. Richard Olivier filme d'une manière qu'on pourrait dire viscérale mais en évitant une mise en scène que l'utilisation de la DV-Cam ne produit que trop souvent : un post-modernisme cucul, genre plans chahutés, raccords en panoramiques filés, cadres de traviole, etc. Pour Richard Olivier, la force du sujet impose la sobriété. Le spectateur est confronté à six femmes en quête de l'autre, de l'amour. "La peine d'amour c'est qu'on cesse d'exister puisqu'on n'existe plus dans le désir de l'autre", écrit Camille Laurens en paraphrasant Lacan pour qui désir est désir du désir de l'autre. Sans le savoir, l'auteur de Dans ces bras-là nous donne la clé du film.