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En festival (de Cannes) : Voleurs de chevaux de Micha Wald

Publié le 07/05/2007 par Katia Bayer / Catégorie: Événement

2004. Alice et moi, mettant en scène les fouineuses Mala, Lydia et Colette ainsi que Simon-le-nerveux et cette ingrate d’Alice, est récompensé du Petit Rail d’Or à la Semaine Internationale de la Critique, la première section parallèle du Festival de Cannes.

2007. Voleurs de chevaux, le premier long métrage de Micha Wald, est sélectionné dans la même catégorie. La comédie de mœurs juive contemporaine se substitue à une histoire d’endurcissement (réussi/raté) et de vengeance/violence, vécue par deux clans de frères, au dix-neuvième siècle.

En festival (de Cannes) : Voleurs de chevaux de Micha Wald

1856. Quelque part à l’Est. Roman (Grégoire Colin) et son petit frère Elias (François-René Dupont) vivent dans les bois, et leur quotidien se résume à des verbes : se chauffer et voler des chevaux pour manger. L’aîné surprotège l’autre en cherchant toutefois à l’aguerrir. Jakub (Adrien Jolivet) et son frère, Vladimir (Grégoire Leprince-Ringuet) tentent, eux, de sortir de leur misère en rejoignant le clan très sélectif des cosaques. Face à la violence physique et morale ambiante, ils s’adaptent différemment. Dans cette relation-là, le cadet est aussi le plus faible et subit le joug de son aîné. Leurs itinéraires vont s’entremêler : les voleurs vont s’emparer des montures des cosaques et Roman va tuer, au passage, Vladimir. Vengeance…

Construction

Aussi différents soient-ils, ces frères fonctionnent de la même manière : face au monde extérieur agressif, ils créent une petite bulle de protection. À deux, chaque clan essaye de résister à la réalité violente et tendue en luttant et en s’entraidant. Que se passe-t-il quand un être s’écarte ou est éliminé de ces relations fusionnelles ? Voleurs de chevaux, entrelaçant masculinité et possessivité, y répond au fil de son récit entrecoupé de trois parties (« Lui », « Eux » et « La traque »).

Représailles

La survie cède très rapidement sa place fragile à la violence. Jakub n’a qu’une obsession : venger la mort de son frère en tuant Roman. Roman, lui, forcément, veut s’en prendre à son adversaire. Et Elias ? Il se cherche… Evidemment, les êtres « forts » sont durs, noirs et rustres et n’hésitent pas à se rentrer dedans de toutes les manières possibles (mémorable « attrape la hache, Elias ! »), en faisant rougir l’écran. Malaise ? L'histoire (la vraie, celle des terribles guerriers cosaques) est bien plus dure que celle que le film nous livre. Mais parallèlement à cette tension extrêmement prenante, Micha Wald crée un répit dans le chef de son spectateur remué : il s’approche avec joliesse du naturel. Sa caméra ne lâche pas les rayons de soleil, les feuilles des arbres, l'instinct, l'eau et les gestes de (sur)vie. Certaines images, d’ailleurs, sont relativement proches de celles du deuxième court méconnu de Micha, Les Galets.

Semaine de la critique

La presse cinématographique, réunie à Cannes, met en avant les premiers et deuxièmes films de jeunes talents venus du monde entier. Elle a, entre autres, révélé Bernardo Bertolucci, Ken Loach, Wong Kar-Wai, Jacques Audiard, Gaspar Noé, Arnaud Desplechin, François Ozon, Gonzalez Iñarritu, Emanuele Crialese, Julie Bertuccelli, Eléonore Faucher, Emmanuel Bourdieu, … Chaque année, elle sélectionne sept longs et sept courts métrages. En ce qui concerne les premiers cités, ils concourent pour le Grand Prix de la Semaine de la Critique, le Prix SACD (attribué au meilleur scénariste) et le Prix ACID (aide à la distribution). Les premiers films sont également en lice pour l’obtention de la Caméra d’or. Qualification intéressante donc pour Voleurs de chevaux qui, comme les autres films retenus, bénéficiera d’intéressantes possibilités de diffusion et de promotion. Et d’un bonus pour les réalisateurs : la rencontre avec un ambassadeur sympathique, repéré dans Amores Perros (Amours chiennes de Gonzalez Iñarritu – Grand Prix de la Semaine de la critique en 2000) : Gaël Garcia Bernal.

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