Une pratique de l’attention
Après (et pendant) trois courts-métrages tournés sur presque onze années, le premier long-métrage de Güldem Durmaz est une aventure et une expérience cinématographiques très dense. Poème sur le temps de la mémoire, individuelle et collective, quête de soi et enquête sur la famille, Kazarken sera présenté lors de la prochaine édition du Festival Millenium. Sur les traces de son histoire, la narratrice voyage dans sa propre histoire, réouvre les secrets de famille, remonte le temps à travers la mythologie et l’archéologie pour, peu à peu, penser sa place. À l'image de son film intime mais riche de rêveries et d’imaginaires, Durmaz est généreuse. Attentive aux autres, présente et ouverte, elle remonte aux sources de son film pour en raconter la fabrication et tisse une conversation où se mêlent archéologie, cinéma, mémoire, rêve, violence et guérison. Et, peu à peu, au fil de cet entretien, se dévoile une manière d’être au monde qui fait sens, une attention à soi-même et aux autres, à ce qui nous traverse, à la magie des instants. Une philosophie de vie, donc, qui nourrit et préfigure une certaine façon de faire du cinéma.