Irinka et Sandrinka de Sandrine Stoïanov
Entre tracé et retracé
Précédemment, il avait été sélectionné au Festival du court métrage de Bruxelles et à Média 10-10. À Namur, il avait d’ailleurs été gratifié des Prix de la Presse et de la SACD/SCAM. En février, Irinka et Sandrinka, le premier court métrage de Sandrine Stoïanov développait plutôt une actualité française : présenté au 30ème Festival de Clermont-Ferrand en compétition nationale, il figurait également sur le DVD du magazine Bref. Présentation d’un documentaire animé tout en joliesse et en finesse.
En ouverture, une voix déclare : « Pour moi, mon père, c’était une photo. On me faisait embrasser une photo. » L’image animée concorde : une petite fille tient un portrait d’homme en noir et blanc. Voici Irinka/Irène : elle a les cheveux courts, une robe et une histoire qui commence dans les années 20 en Bessarabie, une partie de la Russie annexée par la Roumanie. Irinka est la grand-tante de la réalisatrice du film, Sandrinka/Sandrine, ayant grandi en France.
Par l’intérêt de son propos, mais aussi par la beauté et la diversité de son animation, Irinka et Sandrinka apparaît comme un véritable conte intime. « Je ne sais pas si c’est intéressant pour ton film », avertit Irinka à un moment du récit. Sandrinka lui répond : « Tu sais, moi, tout m’intéresse !». Fruit de cinq ans de travail, ce premier film, révèle l’importance du lien dans la recherche de son histoire et ses racines.
Les personnes comme les poupées russes peuvent exister individuellement mais peuvent aussi avoir besoin de leurs consoeurs, amies et semblables, pour s’emboîter.Sandrinka, désireuse de découvrir le passé et la culture de sa famille, apparaît croquée sous les traits d’un enfant portant des cheveux longs, un pantalon et un vécu plus récent. « Qu’est-ce que je pourrais te raconter sur mon enfance ? » dit Irinka, celle qui se livre à Sandrinka, celle qui recueille. L’entretien et le film peuvent commencer.
Autour d’une tasse de thé et d’un magnétophone, les souvenirs sont narrés, réajustés et commentés, et suivant les sujets abordés, les voix se révèlent timides, tristes, nostalgiques, crispées ou riantes. Du documentaire ? Non, du documentaire animé. L’image du film n’est en effet qu’illustration : dessins, collages, photos de famille, images d’archives. Une illustration tout en poésie murmurée à l’instar du moment où Sandrinka se met à jouer au piano : des danseurs slaves surgissent de la partition, tournoient au rythme de la musique avant de devenir des ombres et de disparaître tout doucement.
Production : Je suis bien content et Les Films du Nord