Débroussailler les chemins de l'oubli
Combien de temps peut-on supporter d'occulter la vérité et de l'ensevelir dans le silence du vaincu alors même qu'on sait qu'il y a eu injustice ? Peut-on indéfiniment accepter de courber l'échine, laisser tomber les épaules et prêcher des paroles fatalistes tout en se laissant ronger par le non-dit ? Peut-être l'oubli est-il plus acceptable lorsqu'il est collectif, mais tôt ou tard, les mots doivent être prononcés, la vérité être dévoilée. C'est ce que l'Espagne est en train de vivre à chaque excavation de fosses remplies d'opposants assassinés par la dictature franquiste qui laissa derrière elle 135 à 150.000 disparus. Il y a huit ans à peine, soit trente ans après la fin du franquisme et septante ans après la fin de la guerre civile, la première ouverture de fosse eut lieu. Elle a permis aux enfants et petits-enfants des victimes de vérifier la mort de leurs proches et de pouvoir enfin faire leur deuil et les enterrer dignement. Depuis, 4000 corps ont été déterrés. José-Luis Peñafuerte, documentariste, signe, avec Los Caminos de la Memoria (Les Chemins de la mémoire), son troisième film, qu'on imagine porté par la même humanité que son film précédent : Niños et Aquaviva.
Entre deux séquences de montage, José-Luis Peñafuerte nous dévoile son regard aiguisé par le désir ou le besoin de compréhension et d'analyse de l'histoire de ses racines.