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Kin, de Daniel Colin

Publié le 12/04/2011 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

Mbote na yo, Kinshasa !

Grand prix de la Fédération Wallonie Bruxelles et prix de la RTBF, Kin sort de la compétition belge d’Anima 2011 la tête haute. C’est une occasion supplémentaire d’affirmer la qualité des créations collectives de l’atelier Zorobabel qu’on retrouve dans les palmarès de festivals avec une régularité de métronome. Après seize ans d’existence, l’atelier collectif coordonné par William Henne a acquis une maîtrise technique qui vient soutenir un processus de création désormais bien rodé. Reposant sur un scénario soigneusement élaboré, Kin nous fait partager une journée de la vie de quelques personnages au cœur de la capitale congolaise. Un chauffeur de taxi, un policier, une « mama », un garagiste se croisent et tentent de faire leur chemin dans un monde où chacun doit tirer son plan. Relu par un écrivain Kinois, mis dans la bouche d’un conteur de là-bas (In Koli Jean Bofane, également auteur de la musique), le texte exhale un délicieux parfum d’authentique, à mille lieux des discours policés de la coopération internationale. Non seulement parce que l’on y décrit sans fard, la misère, la corruption endémique et la grande débrouille qui caractérise la vie à Kinshasa, mais aussi parce que l’histoire fourmille de scènes quotidiennes qui ne s’inventent pas. Et s’il n’esquive en rien les réalités du quotidien, le ton reste empreint de cet humour africain qui aide à supporter le désespoir. Photographie sociale d’un quartier populaire de la capitale congolaise, Kin est également l’illustration parfaite de la puissance d’évocation du cinéma d’animation. Réalisé en animation de volumes dont les personnages, les accessoires et les décors sont faits de matériaux de récupération (bouts de bois, fil de fer, vieilles canettes de bières ou de coca,…) dans le style des jouets africains, le film restitue aussi bien qu’un reportage l’atmosphère de la vie là-bas. Ce qui ouvre sur une autre thématique: le recyclage des choses et des objets du quotidien, tel qu’il est pratiqué dans les pays les plus pauvres. Kin entend aussi montrer aux grands gaspilleurs que nous sommes que, là-bas, tout ce qui a servi peut revivre sous les mains habiles et ingénieuses des artisans. Leçon de choses et de vie, Kin est une fenêtre ouverte sur le monde en 11minutes d’animation de poupées. Pour la large équipe d’anonymes à l’origine de cette petite merveille sous la direction de Daniel Colin, Alain Essanga et William Henne, voilà une brassée de prix amplement mérités.

 

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