Ciné Ciney
Gaëtan Leboutte a été formé très jeune aux images. Comment ? Grâce à un cinéma de quartier, dans sa ville natale, Ciney. Qu'y a t-il appris ? À regarder des films dans une salle obscure, aux côtés d'autres personnes comme lui, traversées de fous rires, traversées par les larmes, et parfois même par l'ennui... Il a appris que les images communiquent des émotions qui transforment, et dont on peut parler, là, dans le petit foyer autour d'une soupe. Il a appris que le cinéma n'est pas une succession d'images construisant une histoire, mais un récit soumis au montage et au changement de plans... Bref, il a appris ce qu'est le cinéma, en a vu de toutes les couleurs et de toutes les époques.
Car le cinéma de quartier est avant tout un lieu incarné, et non un espace aseptisé où venir ingurgiter autant d'images que de chips au fromage. A lui seul, il révèle l’histoire d’une ville et de ses habitants, celle bien particulière d’un public venu dans ses murs de génération en génération pour se divertir, se rencontrer, flirter, rêver, oublier le monde du dehors et à la fois, mieux le connaître.
Les cinémas de quartier sont comme les ibis nippons, en voie d'extinction... leur disparition n'est pas due au défrichement des forêts, mais à la barbarie spéculative.
Prochainement, l'Arenberg des galeries Saint-Hubert ne sera, lui aussi, qu'un joli souvenir : bye bye le rideau bleu, les colonnes et le café équitable. Bye-bye surtout Ecran Total, le sauveur estival des cinéphiles assignés à résidence. Que mettra t-on à sa place ? Un pôle cinéma, paraît-il... ça sonne plus branché... à moins qu'on ne le transforme finalement en centre fitness. La spéculation immobilière développe sa masse corporelle, les kinosapiens n'ont qu'à se rhabiller.