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Le Petit Nicolas de Laurent Tirard

Publié le 03/07/2008 par David Hainaut / Catégorie: Tournage
Le Petit Nicolas de Laurent Tirard

L’événement n’aura pas véritablement défrayé la chronique, mais c’est bien dans notre pays que Le Petit Nicolas, l’une des productions françaises les plus attendues de l’année 2009, a posé ses caméras l’espace de cinq semaines. Une touche belge qui n’est plus due au hasard, confirmant, après Cineman (avec Franck Dubosc) et Je l’aimais (avec Daniel Auteuil), que la Belgique reste une terre d’accueil plus que jamais incontournable pour les tournages de films, à gros budget y compris.
Haut comme trois pommes, le petit Nicolas est en fait …quinquagénaire depuis deux ans, puisqu’il est né en 1956 de l’imagination de René Goscinny et de Jean-Jacques Sempé. D’abord paru chez nous dans les colonnes du Moustique (l’ancêtre du Télémoustique) sous forme de bande dessinée, le petit garçon s’est ensuite promené en France par de courts récits illustrés, dans le journal Sud Ouest d’une part, dans le magazine Pilote d’autre part, avant qu’il ne soit immortalisé en cinq recueils (Le Petit Nicolas, Les Récrés du Petit Nicolas, Les Vacances du Petit Nicolas, Le Petit Nicolas et les copains, Le Petit Nicolas a des ennuis), dont au moins un tome a dû traîner un jour dans toute bibliothèque familiale. Rappelons que ces aventures écolières teintées d’un humour fin racontent les quatre cents coups de Nicolas et de ses potes, tous typés, comme l’intellectuel de service (Agnan), l’enveloppé (Alceste), le cancre (Clotaire), le fils de riche (Geoffroy), le castard (Eudes), sans oublier l’indispensable présence féminine (Marie-Edwige) au sein d’un univers bourré de clichés, mais tellement bon enfant, qu’il se situe à mille lieues de sa représentation actuelle.

Petit rappel historique

Une adaptation attendue

Plusieurs millions d’exemplaires vendus au cours de plusieurs décennies et surtout l’étonnant succès de la publication d’inédits ces dernières années auront finalement convaincu les détenteurs des droits (Jean-Jacques Sempé - 76 ans aujourd’hui - et Anne Goscinny, la fille de René), après d’innombrables sollicitations, à accepter d’adapter un film dont le succès paraît presque garanti d’avance. Pas uniquement pour l’imposant casting et le fait qu’il met à l’œuvre un personnage déjà connu, mais pour ses thématiques (scolaire, familiale) et l’époque des culottes courtes souvent très prisée du public, en rappelle le succès des Choristes. Scénarisée entre autres par Alain Chabat et réalisée par Laurent Tirard (Molière), l’histoire fait référence à plusieurs ouvrages du Petit Nicolas (qui craint ici l’arrivée d’un petit frère, ce qui va le pousser lui et ses amis à semer la pagaille en ville), tout un gardant une certaine fidélité à l’œuvre produite par … Fidélité Films pour la France, Scope Pictures pour la Belgique. Le film a, en outre, bénéficié du soutien de Wallimage.

Casting royal

Avec vingt-deux millions et demi d’euros, le budget a logiquement permis de réunir un casting royal. Si bien sûr, les rôles principaux sont détenus par des enfants (encore?) inconnus mais recrutés sur un casting long de plusieurs mois, la présence de deux acteurs qui ont la bonne étoile de faire partie du phénomène Ch’tis (Kad Merad, le père de Nicolas et Michel Galabru, ministre pour l’occasion) laisse entrevoir les grandes ambitions d’un projet où l’on retrouvera Valérie Lemercier (la mère), Sandrine Kiberlain (la maîtresse), François-Xavier Demaison (le bouillon – surnom du surveillant), Michel Duchaussoy (le directeur), Daniel Prévost (Monsieur Moucheboume) et Anémone (Melle Navarin), excusez du peu! François Damiens (Blédurt, le voisin), Renaud Rutten et Odette Jouret représentent eux, le contingent belge de cette méga-production.

À la question, « La Belgique, c’est le Nord ? », pour Michel Galabru, celui-ci, d’une humeur toujours agréable, nous a répondu : « Pour tous les comédiens en général, la Belgique est un pays en …or. Une petite tournée ou un tournage de film sont toujours considérés comme un événement formidable. » Un passage-éclair pour un acteur plus humble que jamais, à 84 ans. « Là, je tourne deux jours. Parfois un, parfois trois. J’ai tourné dans 150 films. Finalement, en 80 ans, ça ne fait pas grand-chose au total. On l’oublie, mais je ne suis ni Delon ni Depardieu. On ne me cite jamais parmi les plus gros cachets. Moi, je suis une sorte de Poulidor du cinéma. »

Un Renaud Rutten (actuellement à l’affiche dans Eldorado) presque surpris de faire partie de cette joyeuse bande «J’ai fait ce casting en vitesse avec Patrick Hella sans réellement mesurer l’ampleur du projet. C’est seulement quand j’ai lu le scénario que j’ai compris que je serais le moniteur d’auto-école de Valérie Lemercier ! »

Les Studios Monev, un petit Cinecitta belge!

Si quelques scènes ont été tournées en extérieur dans les environs et le centre de Bruxelles, la majeure partie belge du tournage s’est déroulée au sein des imposants Studios Monev de Leeuw Saint Pierre, à la pointe du marché belge dans le secteur. Là où le fameux Cineman de Yann Moix s’est installé auparavant et avant qu’Eric-Emmanuel Schmitt n’y revienne avec Michèle Laroque à l’automne pour des scènes d’Oscar et la Dame Rose, visiblement ravi de son passage avec Odette Toulemonde. « Si nous accueillons la plupart du temps des publicités belges voire internationales, nous précise Angel Zapica, l’un des responsables des lieux, nous accueillons volontiers des longs métrages, d’autant que nous sommes un peu les seuls chez nous, plusieurs concurrents s’étant retirés du secteur ces derniers temps. »
Le tournage se poursuit en France jusqu’au 13 août, doublé d’un second volet, entre le 11 septembre et le 10 octobre. Mais la sortie du film n’est prévue que pour la rentrée scolaire …2009 ! 

À l’intérieur, les décors semblent à la hauteur du projet. De la salle de classe, où les vingt-quatre élèves ont pris place sur des pupitres en bois, à la maison du Petit Nicolas, tout a été reconstitué avec du mobilier et du matériel d’époque, jusqu’aux interrupteurs et aux cartes de France. La nostalgie guettant, le bond dans le temps est immédiat. Et les images du film apparaissent presque comme par enchantement.