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Los Nietos de Marie-Paule Jeunehomme

Publié le 01/02/2008 / Catégorie: Critique

Les fosses du franquisme

Après avoir connu une guerre civile qui dura de 1936 à 1939, l’Espagne vécut quarante ans sous la dictature du général Franco. Tout au long de cette période, il y eut de nombreuses exécutions publiques : de simples civils, républicains, syndicalistes, animateurs de cercles culturels, professeurs ou simplement des personnes ayant construit des écoles ou encore, qui défendaient la culture. Il s’agissait de terroriser la population civile. La répression franquiste fut si efficace, qu’aujourd’hui encore, les gens ont peur de parler. Ces opposants au franquisme furent ainsi tués par les Phalangistes et jetés dans des fosses communes.

Los Nietos de Marie-Paule Jeunehomme

Los Nietos, le documentaire de Marie-Paule Jeunehomme, évoque le parcours des petits-enfants (los nietos) des victimes de la répression. C’est à eux qu’incombe la mission de retrouver et d’exhumer les disparus, afin de leur donner des funérailles décentes.

Emilio Silva et Santiago Macías sont les fondateurs de l’Association pour la réhabilitation de la mémoire historique (ARMH) en Espagne. Ensemble, ils ont rédigé un ouvrage, Les Fosses du franquisme(éditions Calmann-Levy), qui est une relecture de la guerre civile d’Espagne.Cette nouvelle génération s’est libérée de la peur qui oppressait leurs grands-parents et veut leur rendre leur dignité. Plus de 30 000 personnes ont été tuées de la sorte, et plus de 1000 ont déjà été retrouvées.

Avec l'aide d'archéologues, de légistes et de volontaires, cette association se charge de mettre en place des fouilles pour retrouver et exhumer les corps des «vaincus». Pour cela, pas d'aide gouvernementale, aucun document qui puisse être consulté. Quant aux derniers témoins encore vivants, le temps leur est compté et les souvenirs deviennent de plus en plus flous. Il faut donc faire vite.
Tous n’ont pas cette chance de pouvoir retrouver un parent. Si «on ne peut pas changer l’histoire» comme le souligne Mari Carmen, nous pouvons faire en sorte que ces défunts «ne tombent pas dans l’oubli» et «donner à ce drame une fin heureuse». La réalisatrice souligne ainsi l’importance de la mémoire, car «la mémoire fait ce que nous sommes». Pourtant, certaines personnes s’opposent à ces exhumations et prétendent qu’elles ne font que raviver des blessures à peine cicatrisées. Pour Emilio Silva, au contraire, tout cela permet aux familles d’avoir l’esprit en paix et d’honorer la mémoire de ses morts. Un chapitre de l’Histoire est en train de se fermer.

C’est tout cela qu’évoque Marie-Paule Jeunehomme à travers, notamment, le parcours de Mari Carmen. Celle-ci a fait appel à l’ARMH pour retrouver le corps de son grand-père. Le spectateur assiste, en même temps que la jeune femme, aux fouilles et à l’exhumation du cadavre. La dépouille sera emportée à San Sébastián pour l’expertise légiste afin de déterminer s’il s’agit bien de son aïeul.

 

Pauline Carlier

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