Ne dites pas à ma mère... de Sarah Moon Howe
Le bruit d'une caméra S8 envahit l'atmosphère. A l'écran, un grain prononcé. Puis une voix de femme donne le ton : « Je conseille aux filles qui veulent se lancer d'avoir le coeur bien accroché mais surtout d'acheter des talons hauts et un string qui s'ouvre sur le côté. » Cette voix est celle de Sarah. Petite fille, déjà, elle cherchait quelque chose dont elle ne savait rien : une femme. Viendra le temps où pour elle, sans nulle doute, Rita Renoir, strip-teaseuse de renom, sera l'exemple de cette femme à laquelle elle aimerait tellement ressembler. À 22 ans, sillonnant les cabarets de Bruxelles, Sarah se lance dans la brèche d'une façade polie, et souvent hypocrite, à la découverte d'un métier qui a l'air simple mais qui est parsemé de détours : strip-teaseuse. À 30 ans, elle raconte son parcours et, les premiers moments de tendre naïveté passés, son regard s'ouvre sur les réalités de ce monde et ses paradoxes : chercher et être cherchée, voir et être vue, champ et contre-champ. De son agenda ressortent des souvenirs, des témoignages, des demandes d'hommes dont elle essaie d'imaginer les raisons d'être au même endroit qu'elle. Sa danse ne suffit-elle pas pour eux, se demande-t-elle ?
Coincés, dans nos éducations perverties, nous donnons du fil à retordre à la simplicité, à l'évidence de ce que nous sommes : homme ou femme. Etre au plus près de cette « révélation » semble nous mettre en danger. Plus sournoisement, l'envie de partager cette vie de strip-teaseuse reste difficile, voire impossible pour certaines. Jusqu'à ce que ce documentaire en donne un éclairage pertinent. Sarah apparaît alors elle-même comme une femme sublimée par son expérience et par le parcours de cette production. Pour donner un document sensible, émouvant et à projeter dans tous les cabarets.