Night Light de Noha Choukrallah
Des yeux inertes nous fixent tandis que les pleurs d’une jeune femme se font entendre. Des pleurs saccadés, à bout de souffle, de nerfs. Sur le sol, le jeune homme à la vision immobile tient une arme. Du sang a coulé. Le lieu est sombre, ressemble à un bunker d’où on se bat, où on attend quelque chose ou quelqu’un, la mort ou l’ennemi, ou peut-être la délivrance. Celle que souvent on n’attend plus, tant on a souffert. La femme qui reste pleure, et celui qui est parti repose en paix. C’est le lot des souvenirs les plus terribles qui les assaillent, qu’ils ne peuvent plus enfouir tant ils repassent sans cesse dans le carrousel de leurs images cérébrales. Leur enfance remonte du plus profond d’eux-mêmes pour s’écraser sur leur conscience fragilement assumée d’une réalité écorchée vive, empreinte d’une violence lancinante qui vous coupe le souffle et l’envie.
Pourtant, il semblerait que ce couple à l’enfance complice n’envisage pas l’avenir sous le même angle tandis que, côte à côte, alors jeunes adultes, ils vivent les mêmes instants et les mêmes événements. L’avenir est-il à la femme comme on a tendance à le penser de plus en plus ? L’homme est-il finalement plus fragile qu’il n’y paraît ?
Enfants, le jeune garçon mettait ses bras autour de sa protégée. Il la couvrait et la rassurait du mieux qu’il pouvait. Est-il, à l’aube d’être adulte, le premier, las, a abandonner tout espoir ?
Illustration Gwendoline Clossais