À nos terres d’Aude Verbiguié
À nos terres
L’Ariège… Un des coins de la France profonde… Une impression d’un retour en arrière où l’on voit davantage le travail de la ferme à la main, à la force des bras et du courage des vieux fermiers qui y restent, pris à la gorge en raison de la nature de leur exploitation artisanale et non industrielle. Chaque bête reçoit leur amour, leur intérêt, leurs soins. Le couple de vieux fermiers que l’on découvre ici semble hors du temps, hors de notre ère numérique à outrance. Il est le passeur volontaire de ce qui vient de la terre et des bêtes vers nos bouches. On entre dans leur monde avec des yeux écarquillés, et on entend, sur le ton de la confidence, qu’ils poursuivent inlassablement leurs tâches sans lâcher quoi que ce soit même face aux problèmes de santé, aux paysages escarpés, à la lourdeur des ballots… Le rapport de l’homme à la nature et à son métier y est brut, sans concession. De l’aveu même de la fermière : « Il ne faut pas se laisser abattre sinon pfuitt… » À perte de vue, les collines construisent l’horizon où l’on détaille à peine quelques neiges sur les plus hautes pointes. Le constat tombe alors sans appel : là, à Moulis, ils sont les derniers à tenir des animaux. Et dans ce lointain horizon, ne semble pas apparaître le moindre espoir qu’un jour, d’autres, plus jeunes, reprennent le flambeau.
Illustration Gwendoline Clossais