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Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang

Publié le 08/11/2010 par Sarah Pialeprat / Catégorie: Critique

Aux armes citoyennes !

Le court métrage de Rachel Lang Pour toi je ferai bataille a remporté, en août dernier, le Léopard d'argent à Locarno. Etrangement évincé des prix du Festival du Film Francophone de Namur au profit de deux films plus que contestables, ce remarquable travail de fin d’études n’a néanmoins pas fini de faire le tour des festivals. La preuve, il tente sa chance au Festival du Film indépendant de Bruxelles et bientôt au Festival Media 10-10 à Namur.

Pour toi je ferai bataille de Rachel Lang

Mal de vivre, mal d’aimer, au sortir de l’adolescence, Ana traîne sa déprime entre les murs de son appartement glacé. Larguée par son mec, larguée dans la vie, les livres de philo sur la bibliothèque ne lui sont plus d’aucun secours. Face à son miroir, un coup de ciseaux dans ses longs cheveux bouclés a vite fait de faire basculer sa vie…et le film.

Alors que l’on s’attendait, dans les premières minutes du film, à la sempiternelle errance de la pov’fille abandonnée dont nous abreuve, jusqu’à la nausée, le cinéma social, Rachel Lang fait une pirouette inattendue en détournant le propos et en nous projetant dans un univers auquel on ne s’attendait pas : l’armée. Ana, métamorphosée, se retrouve d’un coup dans une chambrée de filles en treillis et rangers. Si sa nouvelle allure d’engagée la transforme, on la reconnaît encore à sa voix restée toute petite et un peu mal assurée.

Le service militaire comme un choix, comme une façon comme une autre de s’en sortir, ne signifie pas pour autant en faire l’apologie. Ici, l’armée n’est ni un enfer (les filles sont solidaires et plutôt joyeuses), ni un paradis (les ordres, pour la plupart du temps ineptes, y sont ridiculisés et mis à bonne distance). 

Face à son sujet, la réalisatrice offre une sonorité presque documentaire et paradoxalement très enlevé. Les seconds rôles sont tous d’une véracité effarante, comme si, au lieu d’être véritablement écrit, le film captait des moments pris sur le vif qui disent toute la complicité de vivre ensemble dans une telle proximité. La jeune Sarah Gilman, un peu gouailleuse et tonitruante, sait jouer des ruptures qui font mouche à tous les coups. Face à elle, Ana (Salomé Richard) plus effacée et douce, retrouve le sourire, un petit quelque chose de cette joie de vivre qui l’avait désertée. Ce n’est pas à proprement parlé dans l’armée que la jeune fille retrouve ses forces, mais dans la chaleur réconfortante d’une amitié, d’un partage qui lui donne l’impression d’appartenir enfin à un monde. Un projet, quel qu’il soit pour continuer à avancer, c’est un peu ce que nous dit Rachel Lang, sans jugement aucun et sans a priori.

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