Menant en parallèle plusieurs activités, celle de cameraman et de réalisateur à la RTBF, et d'enseignant à l'INSAS section documentaire, Roger Beeckmans a réalisé de nombreux films. Depuis plus de vingt ans, il parcourt le monde en montrant les enfants avec une caméra qui se met à leur portée – souvent avec le soutien de l'UNICEF – avec la bonne distance pour leur permettre d'exprimer leur désarroi, leur souffrance. Rappelons quelques-uns de ses films, De l'école à l'usine (1990), La mort au bout du champ (1993), Les vestiges de la guerre, suivi de La face cachée de la guerre (1994), Nos cœurs sont vos tombes (2004), L'école de la tolérance (2001-2002).
Aujourd'hui, il termine un autre film intitulé Une si longue histoire. Passionné par la photographie comme regard instantané sur le monde, Roger Beeckmans a néanmoins préféré travailler avec les images mobiles du cinéma qui rendent perceptible la parole d'autrui.
Une si longue histoire est un film sur six enfants et adolescents demandeurs d'asile en Belgique. Ils sont ce qu'on appelle des MENA, mineurs étrangers non-accompagnés. Avant de choisir les jeunes qui pourraient représenter l'ensemble, il y a un processus qui demande du temps. Plusieurs étapes se mettent en route, la rencontre, l'écoute, la confrontation pendant des mois avant de filmer le parcours de chacun. Roger Beeckmans crée un climat de proximité pour les écouter, vérifier leurs récits auprès de ceux qui les accompagnent. Pour les enregistrer, il faut trouver la bonne distance, instaurer la confiance. C'est la force des films de Roger Beeckmans et leur richesse : ce fil ténu qui se tend en essayant de se dérober, se retrouve et se renoue grâce à la parole.