Je danse donc...
Présenté en compétition au dernier Festival International du Film Francophone de Namur, ce court métrage d’Edith Depaule révèle une maîtrise de la mise en scène et distille un propos féministe joyeux et intelligent. Dans un dancing d'une autre époque, des femmes coquettement vêtues attendent, chacune seule à sa table, sirotant sa coupe d'où émane un ennui angoissant. Sans dialogues, en des plans qui claquent comme les talons vernis de ces mystérieuses élégantes et comme le jeu direct des comédiennes, la réalisatrice fait exister des personnages touchants et convaincants. La première partie est l'enjeu d'un affrontement où chacune prend ses marques; la timide affronte son malaise, la joviale tente de briser la glace, l'excentrique s'échauffe au bar mais le temps devient vite ennuyeux. Bien entendu, ce sont des hommes qu'elles attendent pour, présume-t-on, une partie de danse. Mais comme ceux-ci sont toujours en retard (notamment sur les questions féministes), l'homme réel laisse la place à l'homme fantasmé pour une chorégraphie ensorcelée où la danse est le vecteur d'un apaisement des rapports femmes/hommes, les rôles genrés disparaissant au profit de relations égalitaires où les jeux de pouvoir se vivent sur le mode du plaisir.