Un aller simple de Cathy Min Jung
Une histoire d’adoption
Cathy Min Jung est une jeune femme d’origine coréenne vivant en Belgique. Adoptée à l’âge de trois ans et demi par une famille belge, elle n’a de son pays d’origine que le vague souvenir, mi-vécu, mi-rêvé d’un aliment, mémoire d’un goût comme d’un ailleurs dont elle a du mal à cerner et le manque et la vérité.
Lors de cours de coréen qu'elle suit avec d’autres, elle rencontre Tanguy qui vit plutôt bien son adoption. Cette rencontre va lui permettre de donner à son sentiment d’absence un sens et un enjeu dont elle ne mesure pas directement toutes les conséquences.
Profitant du voyage de son ami qui retourne en Corée pour s’y marier traditionnellement avant de revenir vivre définitivement en Belgique, elle l’accompagne et se confronte à cette Corée réelle, s’interrogeant sur ses racines contradictoires dont les tiraillements la poussent progressivement à rechercher sa mère et son père biologiques.
Un aller simple, film documentaire de Cathy Min Jung, s’élabore et se construit dans ce voyage où la réalisatrice et d’autres adoptés, comme elle d’origine coréenne, participent aux festivités matrimoniales de Tanguy et se livrent au fil de ces heures joyeuses à de fragiles confidences.
Construit avec une légèreté et une sensibilité dans le regard qui nous rendent très proche la réalisatrice, ce film à la première personne possède une aura qui nous enveloppe et nous fait partie prenante de cette quête d‘identité que nous vivons de l’intérieur.
Difficile de dire si c’est cette voix personnelle, intime qui, s’éprouvant au contact d’un monde différent, nous fait partager une aventure émotionnelle qui se passe bien au-delà des mots. Ou bien si c’est cette façon de filmer très simple qui, avec cet art de ne pas y toucher, fait que les questions et les émotions de Cathy Min Jung deviennent très vite nos questions, nos émotions.
Avec ce film, Cathy Min Jung réussit, non sans quelques faiblesses (le prétexte du voyage de Tanguy semble parfois anecdotique), un récit singulier, difficile et attachant. Sa façon de nous faire voir la Corée en un long jeu de miroirs où se découvre tel le reflet d‘une présence floue, son visage à la fois beau et empreint d’une gravité triste, nous reste comme un silence impalpable. Silence qui nous dit combien il est difficile d’être de quelque part, combien s’enraciner est un acte quotidien et la création de toute une vie.