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Wasteland, de Servaes Dewispelaere

Publié le 24/04/2024 par Grégory Cavinato / Catégorie: Critique

Hymne à la joie

Dans un avenir plus ou moins lointain… Finn (Virginia Newcomb), une jeune femme débordant de vie, entre dans le bureau d’Elliot (Jan Bijvoet), un « algorithmologue » réputé, pour y passer un test qui déterminera si elle fait partie des « défectueux », ces « malades » qui ne rentrent pas dans la norme, ces marginaux bons à enfermer. Or, plutôt que de se soumettre aux questions que lui pose le scientifique, Finn, qui n’a aucun doute sur l’issue du test et n’a pas honte de faire partie des parias de la société, improvise une danse qui trouble ce petit homme triste évoluant dans un univers grisâtre, où tout est bien réglé, où rien ne dépasse, où la joie, vulgaire, a disparu au profit de l’ordre. « La nuit est faite pour dormir », explique Elliot à sa patiente, qui estime, au contraire, qu’elle est faite pour s’amuser, pour explorer... pour vivre !

Wasteland, de Servaes Dewispelaere

Contaminé par cette rencontre inattendue, ce grain de sable qui enraye une machine trop bien huilée, Elliot voit toutes ses convictions s’écrouler. Pris d’un élan libérateur, il tente lui-même une danse (maladroite) dans le métro, devant une foule imperturbable - l’occasion pour Jan Bijvoet de se livrer à un grand numéro d’improvisation gestuelle. Métamorphosé en « défectueux », Elliot découvre que la vie est un miracle et que même la souffrance est belle, particulièrement lorsqu’elle s’arrête. Dans un monde où, sous l’emprise du Saint-Algorithme, plus personne ne choisit sa destinée, Elliot décide de retrouver Finn pour modifier la sienne.  

Récit science-fictionnel classique au sein d’un univers dystopique, Wasteland aborde avec économie (deux décors : le bureau et un wagon de métro) les thèmes du bonheur, de la souffrance, de la liberté et du libre arbitre face à l’oppression et la tyrannie technologiques qui nous menace tous. Sommes-nous prisonniers de nos appareils ? Serons-nous encore, d’ici quelques années, capables de penser par nous-mêmes dans un monde où l’intelligence artificielle fait déjà tout à notre place ? Est-il trop tard ?... 

Servas Dewispelaere termine son film sur une belle note d’espoir, par des éclats de rire… des rires francs et joyeux qu’aucune IA, aussi sophistiquée soit-elle, ne pourra jamais reproduire avec une parfaite fidélité.

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