À travers leur documentaire Cobalt, l’envers du rêve électrique, Quentin Noirfalisse et Arnaud Zajtman révèlent la face sombre de la production de voitures électriques, plus particulièrement celle des batteries nécessaires à leur élaboration, ainsi que leur chaîne d’approvisionnement.
Cobalt, l’envers du rêve électrique de Quentin Noirfalisse et Arnaud Zajtman
Donatien Kambola, activiste et défenseur des droits humains congolais, brosse un portrait cauchemardesque de la situation dans son pays : les mines à ciel ouvert dominent les villages où les écoles, les hôpitaux et l’eau potable viennent irrémédiablement à manquer. La poussière des mines assèche les plantes, l’acide issue de l’extraction contamine les cours d’eaux au point où il devient impossible pour les locaux de cultiver et de pêcher. Le constat est sans appel : l’État congolais, les entreprises nationales ou multinationales impliquées et les clients de celles-ci ne se soucient guère du sort des habitants démunis ou des travailleurs risquant leur vie dans les mines. En effet, les éboulements sont fréquents et les travailleurs doivent descendre dans des trous d’une dizaine de mètres de profondeur pour espérer trouver du cobalt.
Ce film nous fait part des tenants et aboutissants d’un néocolonialisme bien implanté en RDC : les multinationales exploitent les paysans travaillant d’arrache-pied pour un salaire de misère. Des coopératives ont été établies pour soi-disant améliorer leurs conditions de travail mais ils restent taillables et corvéables à merci et n’ont pas leur mot à dire face aux géants chinois allant jusqu’à leur mentir sur la teneur des minéraux qu’ils extraient pour accroitre leurs bénéfices. Le drame social est d’autant plus apparent quand il est question d’enfants exploités dans le même cadre.
Le documentaire est d’autant plus intéressant qu’il compare les mines congolaises aux mines en Finlande, région qui permettrait à l’Europe de trouver son bonheur en matière d’exploitation minière pour produire les batteries en question. Sous couvert de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de développement durable, un industriel finlandais vante donc les mérites d’une extraction minière plus locale. Un scientifique expert en la matière n’en démord pas : ces activités d’extractivisme à haut rendement laissent derrière elles une quantité astronomique de déchets polluant et détruisent de ce fait les écosystèmes finlandais.
Le film dévoile toute l’absurdité et l’hypocrisie derrière cette production supposément durable et questionne notre mode de pensée capitaliste, empreint d’efficacité et de rendement à tout prix, si ancrée dans notre inconscient collectif. À quoi bon abandonner des projets inhumains pour s'acharner sur d’autres projets tout aussi dévastateurs et ainsi mettre en scène une mascarade écologique aberrante ?