Un étonnant film « carnel »
Pour qu'une oeuvre soit intéressante et fondatrice, il n'est pas nécessaire qu'elle nous plaise. Mais il faut qu'elle nous interpelle, suscite réflexions et débats, provoque des remises en cause. De ce point de vue, Delphine Gleize a incontestablement accouché d'un film intéressant et fondateur. Déjà la polémique fait rage entre ceux qui n'y voient "qu'une logorrhée de formes qui s'entrecoupent pour finalement ne rien dire"(1) et ceux qui considèrent le film comme "un chef d'oeuvre, un coup de maître", "un voyage charnel et cérébral qui, au delà de sa virtuosité narrative, révèle…
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Un couteau de barbier caresse langoureusement le corps d'une jeune femme plutôt jolie. La lame passe et repasse sur le doux duvet frémissant de son corps nu. Il se raidit, des mains qui appartiennent à ce corps se crispent. Entre plaisir et peur, tous ces mouvements émettent des bruits subtils qui se mélangent au crissement du cuir qui habille le porteur de la lame. Une chorégraphie stressante emballe la lame et le corps et le cuir. Les sens s'affolent. Tout est finesse, tout est danger. Il y a naturellement un avant et un après la lame que je vous souhaite de découvrir. Le film a reçu le Prix du Meilleur Court Métrage Fantastique au dernier Festival International de Sitges.
Illustration Gwendoline Clossais
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À la frontière
"Saleté, souillure, infection". Des mots qui renvoient brutalement à cette idée de maladie, de contagion, de contamination, avec cette nécessité de se prémunir, de se défendre, de mettre en quarantaine, d'isoler, d'enrayer, d'éradiquer. Des mots qui recouvrent celui qui se targue de son bon droit d'être sain, en bonne santé, bien portant pour désigner l'autre, l'entièreté de l'autre, comme malsain, mauvais, nuisible, avec tapi dans l'ombre ce sentiment de menace, de danger et de mort.
Des mots qui disent la peur de l'un, son évidente fragilité, et la misère de l'autre, son impossible condition.…
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Une grande partie du charme de Jérémie Renier réside dans le côté imprévisible du personnage. Comme un musicien de Jazz qui improvise à partir d'un standard, Jérémie manie les variations à l'infini. Le straight l'ennuie. C'est un comédien qui n'hésite pas à mettre la main à la pâte sur un tournage. Nous avons le souvenir de l'avoir vu manier le clap sur le tournage d'un plan dont il était absent, sur Le Troisième Oeil. "Mes amis les plus proches dans le cinéma, nous confirme-t-il, sont les gens de l'équipe technique. Je suis plus proche d'eux que des autres comédiens. Ca doit être mon… Lire l'article
Un pasito pa lante, dos pasitos pa tras
C'est un film simple, sur des gens simples, qui vivent simplement, une vie sans frasques, confrontés à une situation économique absurde, provoquée par un système politique pourtant démocratiquement élu, vingt ans de démocratie déjà !
Quelle misère, ma mère !Un, dos, tres, un, dos, tres... Buenos Aires querida, pasión de vida, pasión de baile.Qu'est-ce une vie sans passion ?"Des jeux et du pain !", serait-ce tout ce qu'il faut pour combler le peuple ? C'est sans compter sur la force de l'art ; l'art de vivre, l'art de danser."L'Argentine, c'est le foot, le boeuf et le tango".
Quand…
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Bond, my name is Bond. James Bond
Traveling
Le cinéma est une folie. Pleine de bruit et de kilomètres de pellicule tournoyant comme une guirlande de noël ou du papier tue-mouche. C'est aussi fou que de se rappeler tous les prénoms d'À la recherche du temps perdu, de nager à contre-courant dans le Danube, ou allumer un Monte Christo, avec un zippo, vingt ans après. En 2002, trente ans après, on continue à faire des films avec des bouts de ficelle en obtenant la participation de professionnels chevronnés tout en ayant la volonté de s'exprimer et de conquérir un public. Automne 2002. Nous sommes dans la classe d'une école primaire, rue Tenbosh, à Bruxelles. Sept garçons…
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Après tant d'années de silence
Que reste-t-il d'une vie lorsqu'on décide d'y mettre fin ? Que reste-t-il d'une vie qu'aucun livre d'histoire ne s'approprie ? Jorge León. De Sable et de ciment, lettre à Elias.
Une vie
L'obscurité. Une lumière que seuls trois lucarnes noires déchirent en faisant scintiller des images et des icônes. Nous sommes dans l'une des trois salles de montage du CBA, en compagnie de Michèle Hubinon et Jorge Léon. Ils montent De Sable et de Ciment, le film de ce dernier. Nous voyons le plan d'un parc, suivi d'un travelling avant pris d'une voiture qui traverse un tunnel. Obscurité avec en contrepoint…
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Entretien avec Gabrielle Clae
Cinergie : La Cinémathèque Royale à la réputation d'être en pointe dans le domaine de la restauration des films, qu'en est-il exactement ?
Gabrielle Claes : La restauration des films n'est pas notre tâche principale. Notre premier travail est de collecter et de conserver les films que l'on nous confie, afin qu'ils restent, le plus longtemps possible, dans le meilleur état. Quand le matériel se révèle être dans un état déplorable, alors nous tentons de le restaurer, toujours dans l'idée de "conservation", afin que ces films soient accessibles aux générations futures.
C. : Est-ce qu'il arrive…
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Parler du film, c'est d'abord dire qu'il s'agit d'un parcours. Un film sous forme de visite, celle de l'ancienne prison de la Stasi en ex-RDA, aujourd'hui transformée en musée, en présence de deux ex-détenus. Et cette marche, au travers de ce huis clos, est l'expression de l'absurde, de l'enfermement lui-même. Une sorte d'errance, de perdition qui se cogne aux portes, aux murs de l'enfermement. Réalisé en super 16, le film se compose en majorité de plans fixes alternant avec de longs travellings qui nous donnent cet impression de traversée de longue haleine où le spectateur est à la fois guidé et livré à lui-même. Les cinéastes…
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Un art du voir et de la subversion
Qui dit téléfilm, pense bien souvent, absence de qualités. Péjorative, cette appellation est devenue synonyme de fast film, scénario simpliste, situations clichés, personnages modèles, psychologie primaire et écriture prémachée. À tel point que face à certains téléfilms, le spectateur ne peut que s'écrier : mais ce film, je l'ai déjà vu, et de s'en trouver rassuré ou totalement exaspéré suivant ce qu'il attend du cinéma. Heureusement, il est quelques cinéastes pour mettre à mal ce genre de préjugés, des cinéastes qui loin de se laisser conforter par…
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Le film
1948. Trois ans après Rome ville ouverte de Rossellini, Le Voleur de bicyclette, autre film italien provoque, dés sa sortie, un électrochoc, confirmant l'importance du mouvement néo-réaliste. Certains et non des moindres n'ont pas hésité à écrire que ce dernier était le film le plus important de l'immédiat après-guerre de par son succès international et la manière dont il renouvela (à l'instar de Rossellini) la dramaturgie filmique. 20002. Le film est d'actualité à travers un thème devenu récurrent : la solitude d'un homme dans une société qui ne prête aucune attention à sa détresse.…
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L'évidence d'un savoir faire
À l'origine de Des épaules solides, il y a une commande d'Arte. Arte voulait produire une série à thème ayant pour sujet le masculin-féminin. Elle avait déjà contacté plusieurs réalisateurs chevronnés pour cette collection mais voulait aussi des cinéastes moins connus mais en qui elle croyait. Arte avait demandé à la Télévision Suisse Romande de rentrer en coproduction pour toute la série et celle-ci avait accepté à condition qu'il y ait un film tourné en Suisse par un réalisateur suisse. Et voila comment Des épaules solides a vu le jour. Un téléfilm dans ces conditions,…
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Bip. Rien à faire. Quand Monsieur Bip sonne la conversation s'éteint. Une autre commence. Comme quoi il n'y a pas qu'Internet qui fait réseau. Bip, donc. Xavier Diskeuve qui nous fait face ouvre son portable. -Oui, le 25, le jour de la Noël, comment ça un plan foireux ? Pas du tout ! Si, si, je t'assure c'est pas de l'intox, le film passe sur la deux/RTBF. Clin d'oeil vers votre serviteur. Long silence. Hum, hum, d'accord, je t'envoie deux photos de La Chanson-Chanson par e-mail, tiff ou jpg ? OK - vers nous, la main sur le répondeur - on va y arriver", Oui salut. Il raccroche.
Xavier est né à Namur en 1962. Son premier souvenir de cinéma à pour nom Les…
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De Bernard Yerlès nous gardons l'excellent souvenir d'une journée passée en sa compagnie, en 1992, pour réaliser un Cast People pour Cinergie (version imprimée n°83). Il venait de tourner Pardon Cupidon de Marie Mandy et parlait de s'installer en France pour faire davantage de cinéma. Dix ans après nous nous retrouvons à l'hôtel Métropole pour faire le point et parcourir son cursus.
"Le premier film dont j'ai gardé le souvenir et que j'ai vu dans mon enfance, nous dit-il, avec son demi-sourire blagueur, est Singin' in the rain. Ce film est fondateur de mon goût pour le spectacle, le cinéma. Les comédies musicales m'éclataient. Un autre souvenir…
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Le Film
Le film dés le pré-générique s'ouvre sur l'exploration par la caméra des rayons d'un Hyper- marché. D'abord floue, l'image devient nette et l'on constate que cette grande surface est déserte. Nulle trace d'être humain. Pas de Gustaves en vue. Générique, et le film démarre. Jean, (Albert Dupontel), huissier de justice traque les consommateurs indélicats, le plus souvent fauchés, en compagnie d'Eddy (Bouli Lanners), un policier qui n'arrive pas à saisir qu'on s'intéresse davantage aux choses qu'aux gens. Drôle de couple : un tueur avec un curé. Second couple Nicole, la femme de l'huissier qui est neurasthénique…
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