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Bernard Bellefroid, réalisateur de Une des mille collines

Publié le 04/04/2024 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Entrevue

Dans Une des mille collines, le réalisateur Bernard Bellefroid nous plonge au cœur des témoignages poignants des survivants et des bourreaux condamnés du génocide des Hutus sur les Tutsis au Rwanda. Ce documentaire, deuxième sur le sujet du même cinéaste, nous offre une réflexion profonde sur la coexistence délicate entre les anciens bourreaux et les victimes, vingt ans après les procès Gacaca qu'il avait filmé dans un village. Récompensé par le prix de la critique au FIFF 2023, ce documentaire est à la fois un cri d'alerte et un appel à la compréhension. Malgré son absence regrettable aux Magritte, ce film captivant mérite une large audience pour sa puissance évocatrice et la qualité de sa réalisation. Ne manquez pas sa diffusion ce samedi 6 avril dans l'émission “Retour aux sources” sur La Trois, et retrouvez-le également sur Auvio pour une durée limitée.

 

Quinze ans après son film consacré aux tribunaux populaires Gacaca au Rwanda, le réalisateur Bernard Bellefroid poursuit son enquête là où il l'avait laissée au village de Mushiragungu. Dans ce village rwandais, des enfants ont été exterminés durant le génocide de 1994 sans qu'aucun des criminels ne reconnaisse ni ne raconte ce qui s'était passé.

 

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Le choix d’une désynchronisation entre l'audio et les images durant les témoignages a permis une photographie d’une qualité supérieure en permettant de se plonger dans les regards profonds et tourmentés des intervenants. Les propos récoltés sont puissants et d’une importance capitale en termes de mémoire collective.

Cinergie.be : Quel était le sujet de votre premier documentaire intitulé Rwanda, les collines parlent

Bernard Bellefroid: À l’époque, il y avait près d’un million de personnes qui devaient s’expliquer de faits de génocide au Rwanda.  Avec la justice classique, il aurait fallu près d’un siècle pour faire justice. Les Rwandais ont eu l’idée éblouissante de puiser une solution dans leur propre culture qui avait été détruite lors de la colonisation belge. Il s’agit des tribunaux dits “Gacaca” qui se prononce “Gatchatcha”. À l’époque précoloniale, la Gacaca était un tribunal entre les sages du village qui ne servait pas à juger les crimes de sang, mais les problèmes civils (vaches, taille de parcelle, etc.). À la suite du génocide, les Rwandais ont réinstauré les tribunaux Gacaca en les modernisant afin de permettre de juger des crimes de masse en délimitant certaines sortes de crimes. Ils ont également créé des instances d’appel à ces tribunaux. Dans tous les villages du Rwanda, la population a élu des Inyangamugayo ou juges intègres pour présider ces tribunaux Gacaca et juger les criminels du génocide. C’est ainsi qu’ils ont réussi à vider le contentieux d’un million de personnes devant s’expliquer de génocide. C’est absolument majeur dans l’histoire de l’humanité. En 2005, j’étais sur place pour filmer ce processus. À ma connaissance, il n’y en a que deux films qui ont été réalisés sur les procès Gacaca. Le mien et celui de la cinéaste canadienne Anne Aghion intitulé Gacaca, Revivre ensemble au Rwanda (2002).

 

 

C. : Pourquoi avez-vous choisi de retourner dans ce village après près de deux décennies? Quel est le message que vous souhaitez transmettre à travers votre nouveau documentaire, Une des mille collines (2023) ?

B. B. : Après avoir terminé le documentaire Rwanda, les collines parlent (2005), je suis retourné dans le village où j’avais filmé les tribunaux afin de montrer le film aux gens sur place. J’étais attaché à ce village que j’avais aimé et ils me l’ont bien rendu d’ailleurs. Chaque fois que j’ai pu me rendre au Rwanda depuis lors, c’était important pour moi de me rendre dans ce village. Il faut également préciser qu’à l’époque, il existait un rapport différent entre le Rwanda et l’Occident. Par exemple, la Coopération technique belge prônait la réconciliation plutôt que les procès Gacaca. Le génocide avait déjà près de 10 ans en 2005 et la population rwandaise voulait mettre fin à la culture de l’impunité qui régnait depuis le massacre. Le fait de tuer un Tutsi ne constituait pas un crime depuis 1959 et les gens en avaient marre. Il existait une volonté profonde de la part de population de juger les criminels du génocide avant de passer à autre chose. Pour la population rwandaise, la réconciliation arriverait plus tard, une fois les jugements des coupables effectués.  

C’est pour cette raison qu’après le Covid, je me suis dit qu’il était temps de retourner sur place pour réaliser un nouveau documentaire sur ces questions de réconciliation, d’unité et de résilience maintenant que la justice avait été rendue et que les jugements par les tribunaux Gacaca avaient pris fin. Je me suis dit que c’était la bonne temporalité pour aborder ces questionnements et de là est née l’idée de réaliser ce nouveau documentaire.

 

C. : Votre film montre énormément de choses sans jamais prendre parti ou dévoiler votre pensée. Quel est votre avis sur ces tribunaux et les jugements rendus par les tribunaux Gacaca avec le recul qui est le vôtre ?  

B. B. : On parle de nos jours de libéralisation de la parole sur de nombreux sujets. Ces tribunaux peuvent être critiqués pour de nombreuses raisons, mais ils ont le mérite d’avoir libéré la parole. Au sein des villages, tout le monde se regardait en chiens de faïence. Il faut savoir ce que fut l’après-génocide au Rwanda. Les gens ont dû réhabiter ensemble. Qu’ils soient victimes ou criminels. Rescapés ou génocidaires. Il faut vraiment quitter Kigali et voir l’âpreté d’une colline pour comprendre la réalité de ces populations des collines.

Dans une colline, une famille rescapée peut prêter du sucre à un génocidaire parce qu’elle ne sait pas si sa survie ne dépendra pas du génocidaire quelques mois plus tard si elle a besoin d’une autre denrée. Il y a une forme de paix et de solidarité qui s’était reconstruite de manière assez saisissante malgré le contentieux du génocide perpétré contre les Tutsis. Les gens, Tutsis et Hutus, se croisaient chaque matin et vivaient ensemble dans les mêmes villages sans aborder les crimes de guerre commis depuis de nombreuses années déjà au moment où les tribunaux Gacaca ont permis d’enfin dire les choses.

Une autre caractéristique de ce génocide est qu’il n’a pas été possible matériellement de faire un million d’enquêtes malgré le million de crimes recensés. La parole des génocidaires est capitale en termes de mémoire du génocide. Eux seuls savent ce qu’ils ont fait. Leur présence massive lors des tribunaux Gacaca atteste de ce qui s’est passé et que cela a bien existé. Ces tribunaux ont donc joué une part importante dans la recherche de vérité sur ce qui s’est déroulé durant ce génocide et ils font office de mémoire collective.

 

C. : Pourquoi avoir choisi cette famille en particulier et ces trois enfants victimes des massacres : Fiacre, Fidéline et Olivier ?

B. B. : Le génocide perpétré contre les Tutsis est épouvantable. Les chiffres sont accablants. On parle d’un million de personnes exterminées en 100 jours. On reste sans mots. La question était de rendre le documentaire incarné pour les spectateurs. J’ai décidé de me concentrer sur le petit et donc sur un des cas de génocide dans ce village où je m’étais rendu en 2004. Je me suis dit que j’allais me concentrer sur l’extermination de trois enfants : Fidéline, Olivier et Fiacre. Ces enfants ont été exterminés par tout le village. Il s’agit d’un des crimes du génocide qui, même de nos jours, a abouti à assez peu de vérités et peu d’enquêtes. Un génocide, ce n’est pas simplement une extermination physique. Ça se couple d’une extermination existentielle et culturelle. On détruit les photos et les registres d’État civil. On détruit jusqu’à l’existence même de ces enfants. J’avais à la fois peu et beaucoup. J’avais peu de traces iconographiques, mais j’avais les gens qui les avaient aimés et ceux qui les avaient tués. C’est de cette volonté de raconter leur histoire et leurs trop courtes vies que le film est né.  

 

C. : Effectivement, la confrontation entre les parents et les bourreaux qui vivent encore ensemble trente ans après les faits constitue un des moments les plus bouleversants de votre film. Les larmes me viennent encore aux yeux en pensant à ce papa meurtri dont le nom restera toujours gravé dans ma mémoire, Jean d’Amour. Avez-vous construit la narration de votre film autour de ces personnages ?

B. B. : Le film est construit par des apories ou des problèmes impossibles. Sans trop vouloir en dévoiler, on peut dire que souvent on se heurte contre des murs dans notre quête de vérité. La troisième partie du film consiste en la quête de réconciliation. Comme disait van der Keuken : « il faut parfois un peu regarder à côté ». C’est ce qu’on a décidé de faire en cours de documentaire et nous nous sommes rendus dans un autre village voisin à trente minutes de voiture du village de Fiacre, Fidéline et Oliver. C’est là où l’on s’est retrouvé dans une situation à front renversé avec celle du premier village. Alors que dans ce second village les génocidaires ont avoué leurs crimes, les tribunaux Gacaca n’ont jamais condamné personne. À l’inverse, dans le village des enfants, les tribunaux ont remis des condamnations, mais la vérité n’a jamais été dévoilée par le village.  On s’est donc retrouvé face à une forme de réconciliation que je ne pensais pas filmer un jour. Voir un père (Jean d’Amour) qui pardonne à un génocidaire, bourreau de ses enfants, les crimes qu’il a commis, personnellement, j’y perçois trente années de résilience de tout un peuple. C’est cette résilience de tout le peuple rwandais qui se marque dans cette courte séquence. Cette séquence laisse sans voix. Elle ouvre plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

 

C. : Pouvez-vous nous en dire plus sur cette réconciliation post tribunaux ? Une réconciliation est-elle vraiment possible après de telles atrocités ?

B. B. : La question de réconciliation est complexe. Au niveau de la réconciliation, il y a au moins trois personnages dans le film. Une personne qui dit qu’elle n’a plus envie de pardonner. Elle ne veut plus en parler et la réconciliation n’a jamais eu lieu. Il y a une autre personne qui dit qu’elle a pardonné, mais son corps semble indiquer tout l’inverse. Et il y a Jean d’Amour qui a pardonné à Félix, le bourreau de ses enfants. Mais dans la gamme des gris, on peut également encore voir d’autres personnes qui se positionnent par rapport à cette réconciliation. La question est complexe et la réponse n’est pas unique. Elle est probablement possible pour certains, mais pas pour tous. J’ai gardé en tête une phrase du philosophe Emannuel Lévinas (1906-1995) qui disait à peu près ceci : « En matière de pardon, personne n’a à se substituer à la victime. Pas même Dieu ». Ces processus de réconciliation sont des procédés intimes et individuels. Il y a au moins autant de voyages de réconciliation qu’il n’y a de rescapés. Il faut en silence accepter les choses sans juger ou vouloir émettre un avis.

 

C. : Quel est votre moteur dans le cinéma ? Comment avez-vous décidé un jour de vous rendre au Rwanda pour traiter de cette thématique complexe ?

B. B. : Mon moteur dans le cinéma, je l’ai compris bien plus tard, longtemps après avoir commencé à en faire. Je vivais dans une famille assez dysfonctionnelle et j’ai appris à regarder avec mes yeux pour me protéger de la violence. Je regardais pour savoir quand la violence montait et je pense que peu à peu, regarder est devenu mon métier. Au départ, c’était un accident, voire un réflexe d’enfance. Ce qui était un réflexe de protection est devenu un métier. À l’époque de mon premier voyage au Rwanda pour le premier documentaire au début des années 2000, j’avais une vingtaine d’années. J’étais intéressé par ce sujet des Gacaca pour des raisons très personnelles et intimes également, à savoir comment remettre de la parole à la place de la violence. Ces tribunaux Gacaca, comme tous les processus de justice, sont universels et puissants. Il s’agit bien évidemment ici d’une violence d’une tout autre nature que la violence domestique privée occidentale. Il s’agit de la violence d’un génocide et ça n’a pas de rapport, mais il y avait une raison intime derrière cet intérêt. J’ai essayé d’être le meilleur passeur de ce que j’entendais en étant à l’écoute. Il y a un mot que je déteste, c’est : « donner la parole ». On ne donne jamais la parole. Les gens parlent avant qu’on existe ou qu’on a l’envie d’en réaliser un film. C’est juste qu’on ne les écoute pas. Un ou une cinéaste devrait éviter de dire qu’il donne la parole. Je pense qu’il suffit d’entendre et d’écouter.  Dans le contexte de ce documentaire, en tant que citoyen belge qui se rend au Rwanda pour filmer, je trouverais ça indécent de dire que j’ai donné la parole aux rescapés et aux génocidaires. Le peuple belge et le peuple rwandais ont une histoire commune et ce serait mal venu de dire qu’un Belge a donné la parole au peuple rwandais. J’aime bien l’idée d’être un passeur, selon la belle phase d’un critique de cinéma qui s’appelle Serge Daney. J’aime l’idée d’être une petite usine qui transforme la douleur en forme, que ce soit la mienne ou celle des autres. Le cinéaste tente de mettre en forme la douleur qu’il perçoit.

 

C. : Comment se faire accepter par un village avec un sujet aussi sensible ? Aviez-vous une grosse équipe technique sur place ?

B. B. : Comme expliqué, j’avais un contentieux avec ce village depuis 2005 et ce fut donc assez facile de revenir filmer ce nouveau documentaire puisque je connais la plupart des gens filmés depuis plus de quinze années. On était une équipe de 8 personnes avec 4 Belges et 4 Rwandais pour filmer ce documentaire. C’était assez impressionnant pour un projet de ce type. On avait un gros travail de traduction à faire. On avait deux traductrices qui traduisaient les rushs à temps plein. Une autre qui nous accompagnait durant les interviews. Un chef opérateur et un ingénieur du son de Belgique ainsi qu’une monteuse. Le film est tourné dans des formats assez lourds et il fallait faire les transferts la nuit. C’était une belle aventure humaine.

 

C. : Lors de votre premier documentaire, ça n’a pas dû être si simple non plus sans le recul et l’expérience que vous avez désormais. À quoi faut-il faire attention ou comment se positionner quand on se rend dans un pays étranger pour filmer l’histoire d’un génocide ?

B. B. : Il faut rester modeste. Une histoire de génocide ne se transmet pas simplement. On ne peut pas arriver avec sa caméra devant les rescapés pour les filmer sans préparation. On va attendre qu’ils témoignent ou qu’ils nous parlent, mais ils vont trouver des excuses. Ils vont nous demander de revenir un autre jour ou une autre semaine. Il faut beaucoup de patience. Il faut comprendre où l’on se trouve. Tout peut bien se passe si on est à l’écoute des autres.  

 

C. : Faut-il des connexions avec les autorités locales pour réaliser un documentaire de ce type ? Comment se prépare-t-on à une expérience de ce type ?

B. B. : J’ai beaucoup lu à l’époque en 2005. Ensuite, j’ai fait des films de fiction, mais chaque fois qu’un livre sort sur le Rwanda, j’ai tendance à l’acheter et le lire. Puis j’ai des amis dans la recherche et j’ai lu leurs recherches quand elles portaient sur le Rwanda. En quinze ou vingt ans, j’ai accumulé une somme de connaissance sur le sujet qui m’ont été fort utiles. J’ai également constitué un réseau dans le pays lors de mes allées et retours. Il y a énormément de révisionnisme sur ce génocide et ce n’est pas toujours évident. Avoir la confiance des autorités et pouvoir travailler là-bas n’a pas été une chose simple, mais on m’a toujours laissé faire mon travail. Le premier documentaire à l’époque sur les Gacaca était assez critique du processus, mais ma démarche étant honnête et ayant joué franc-jeu dès le départ, j’ai toujours reçu de l’aide pour accomplir mon travail. Ils ont été plutôt bienveillants avec moi.

 

C. : Vous avez posé des choix puissants qui permettent de comprendre les choses sans jamais les montrer de manière frontale. Il y a également cette désynchronisation des sons et de l’image qui confère une ambiance particulière et envoûtante à votre film. Comment avez-vous réfléchi à la forme artistique du film ?

B. B. : La forme artistique du film peut se définir par certaines limites fortes que je m’étais fixées. Je ne voulais pas représenter le génocide sous aucune manière. Je ne voulais pas non plus être dans un docu-fiction. Et ensuite, je voulais donner une présence forte aux enfants. Le son asynchrone m’a aidé de ce point de vue. Par exemple, on nous dit que les enfants sont passés par là. On voit un chemin. On pense avoir vu les enfants, mais en fait, on n’a vu que le chemin. C’est une forme d’évocation assez puissante. C’est un énorme travail sur le son avec notamment ces sons non synchrones que vous avez mentionnés. C’était important pour nous de donner une présence aux enfants. Pour l’anecdote, je disais à mes équipes de regarder un papier magenta pendant une minute, puis un papier blanc. Il se provoque alors une illusion dans notre rétine. La forme du film devait correspondre à ce type d’illusion. L’objectif était de redonner vie à ces enfants effacés par le génocide sans tomber dans la fiction et en utilisant les sons non synchrones et l’ambiance sonore.

 

C. : Comme vous l’avez mentionné auparavant, vous avez également fait de la fiction entre ces deux documentaires. Quels sont vos autres projets en cours ?

B. B. : J’ai plusieurs scénarios sur le feu, dont un qui arrive à maturité. Je continue avec mon producteur Gaëtan David. On est sur l’histoire d'une jurée d’une Cour d’assises qui se rend compte le lendemain du verdict qu’elle a peut-être commis une erreur. C’est le point de départ du film et j’espère pouvoir en reparler d’ici un an et demi environ. Ce sera une coproduction avec la France et l’action se déroulera en France, car dans l’Hexagone, le jury délibère avec trois magistrats professionnels, ce qui n’est pas le cas en Belgique où les jurés délibèrent seuls. En France, ces magistrats sont présents avec les jurés depuis le début du jugement et ils peuvent influencer le choix populaire et le verdict. Je suis un cinéaste qui aime faire des documentaires et de la fiction. Ce n’est pas fondamentalement différent pour moi. Il y a toujours un début, un milieu, une fin, une dramaturgie, une ambiance sonore, etc. Je pense qu’Une des mille collines est fortement marqué par la fiction et scénarisé. Si on souligne deux grands courants dans le documentaire, le premier où on attend qu’une mouche se pose pendant des heures pour la filmer et l’autre où l’on sort le stylo et on dessine une mouche pour faire le plan de la mouche, je pense que mon documentaire appartient plutôt à la seconde catégorie.

 

Cinergie.be : Vous avez mentionné que vous aviez montré votre film sur place en 2005, allez-vous à nouveau le faire en 2024 ? Après avoir gagné le prix au FIFF ainsi qu’avoir reçu un bel accueil dans d’autres festivals, Une des mille collines va-t-il bénéficier de nouvelles fenêtres de diffusion?

Bernard Bellefroid : En ce qui me concerne, l’acte du documentaire ne se termine que lorsque je l’aurai montré aux personnes que j’ai filmées. Bien évidemment, je ne peux pas le montrer dans n’importe quelles conditions au Rwanda. En 2005, je l’avais montré sur un ordinateur à chaque fois à quelques familles dans l’intimité. Je n’avais pas montré le film en même temps aux génocidaires et aux rescapés. Cette fois-ci, on pense qu’on va pouvoir le montrer aux deux villages ensemble. On sera présent sur place. On organise une grande tournée du film sur place durant la deuxième quinzaine d’avril dans le cadre des commémorations du génocide. Il y aurait au minimum 13 projections un peu partout. Il y en aura une au Memorial du génocide de Kigali où se trouvent plus de 250.000 dépouilles. On ira également dans un village très modeste avec des paysans et un groupe électrogène ainsi que dans les deux villages où j’ai filmé. Cette fois-ci, il sera présenté à l’ensemble du village. On aura des conseillers en traumatisme présents à chaque séance. On a organisé ça en marge, de manière que tout se déroule bien. Le film a été pensé pour le cinéma, mais il va être également diffusé à la télévision. L’important, c’est que le film soit vu.

Le film va être diffusé le samedi 6 avril sur la RTBF (La Trois) et le mardi 9 avril sur ARTE partout en Europe.

https://auvio.rtbf.be/live/une-des-mille-collines-514938

https://www.arte.tv/fr/videos/107158-000-A/une-des-mille-collines/

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