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Bontle de Marie Ruwet

Publié le 07/05/2025 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Un cri intime et visuel : Marie Ruwet explore le traumatisme et la résilience dans le Soweto

Dans Bontle, court métrage personnel et viscéral, la réalisatrice belge Marie Ruwet revient sur une agression vécue à 18 ans dans un township sud-africain. À travers une mise en scène brute et poétique, elle transforme une douleur intime en œuvre de transmission.

Bontle de Marie Ruwet

Témoignage bouleversant, mais surtout inspirant, Bontle plonge le spectateur dans la réalité d’une jeune fille marquée à jamais par une agression survenue à Soweto. Diffusé au Millenium Festival, le film se distingue par son style caméra à l’épaule et ses plans en mouvement — notamment des séquences de skateboard — qui ancrent physiquement le spectateur dans la peau de l’héroïne.

La voix off, outil central du récit, permet à Marie Ruwet de délivrer une expérience à la fois douloureuse et inspirante. Ce procédé renforce l’intimité avec la narratrice et donne toute sa force au message. Dans une ville frappée par la précarité, cette parole intime acquiert une dimension universelle.

Bontle est le fruit d’un travail de longue haleine : pendant cinq ans, la réalisatrice a porté ce projet personnel. Cette remise en question de son propre regard a nourri ses recherches universitaires, notamment un mémoire consacré aux méthodes et perceptions des photojournalistes européens travaillant en Afrique.

Ce questionnement sur la représentation de l’Afrique se retrouve également dans ses autres projets documentaires, visibles sur son site (lien en bas de page). On y découvre des séries photographiques explorant des thèmes tels que la dépigmentation volontaire au Sénégal, la vie des femmes Arhuaco en Colombie ou encore les enfants talibés à Dakar. Ces travaux témoignent de son engagement à capturer des histoires de résilience et de transformation à travers le monde.

Le film mêle également images d’archives et plans actuels pour construire une narration dense, troublante. L’œuvre interpelle autant par son sujet — l’agression — que par la manière dont la cinéaste aborde la reconstruction : un chemin difficile où se croisent acceptation et pardon.

La conclusion, sobre, mais puissante, évoque une forme de réconciliation intérieure. Un film court, mais dont l’impact résonne longtemps.

 

Site de Marie Ruwet: marieruwet.com

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