Comment ne pas succomber à la tentation de s'offrir une nouvelle vie ? Evidemment, lorsqu'on est à l'aise dans le costume de son présent, que l'on envisage le futur avec énergie et sérénité, la question ne se pose pas. Mais quand le gong de la quarantaine sonne au seuil d'un amas de frustrations, et qu'il nous reste seulement quinze ans de vie active pour corriger les faiblesses d'une adolescence prolongée, qui ne sauterait pas sur une telle occasion ? Une aventure d'autant plus grisante que l'on peut vivre son propre enterrement pour ensuite se réincarner dans la peau d'un autre, arrivé à l'âge adulte sans devoir passer par les obstacles de l'apprentissage juvénile.
Will Wilder est une star de la télévision connue de tous sous la fourrure d'un lapin malchanceux dans une émission pour enfants. Coincé dans son costume de grosse peluche verte, genre Blabla ou Casimir, Will gagne bien sa vie mais au prix de l'humiliation de ses espoirs bafoués de comédien. Lui, à qui l'on promettait de devenir le Marlon Brando moderne ! Profitant d'un malentendu sur sa mort présumée, il assiste à son propre enterrement sous l'apparence de Vijay, un ami indien que Will aurait connu dans une jeunesse lointaine, à l'époque des voyages intercontinentaux et des amitiés sans condition. Poussant le vice jusqu'à vouloir tester sa performance auprès de sa femme et de sa fille endeuillées, il s'emmêle les pieds jusqu'à essayer de (re)conquérir son (ex)épouse. L'habit ferait-il le moine ? Et sous l'habit, ce moine, comment est-il ? Vijay, Indien Sikh, raffiné et élégant, aurait-il plus de chance d'être admiré par les siens que la doublure grotesque du lapin vert ?
Comédie caustique à rebondissements truculents, dans les ruelles pittoresques du quartier New Yorkais de Soho, bercée par les accords jazzy du saxophone de Steve Houben, Vijay and I est une comédie digne de ce nom.
Rencontre avec le réalisateur, Sam Garbarski, dans une oasis indienne d'un quartier « bobo » Ixellois.