Portrait musical d'une poétesse de l'exil
Dans une enveloppe brune administrative de récupération, pliée et repliée sur elle-même, scellée avec du gros papier collant, un étrange objet sauvé du temps. Il s'agit d'un DVD, support on ne peut plus contemporain, sur lequel est gravé un film, à peine achevé. Le déballage en est épique, et fait penser à ces paquets d'antan, pour lesquels on utilisait quantité de papier pour s'assurer de sa résistance face aux brusqueries postales. Dans les doigts, des gestes d'un autre temps que Litsa Boudalika a faits en sens inverse. Elle pensait envoyer le DVD, mais préféra faire un crochet, et venir le déposer personnellement dans la boîte aux lettres. C'est que Litsa Boudalika, réalisatrice vivant à Paris, est souvent de passage à Bruxelles, sa première terre d'accueil. Ce trésor qu'elle empaqueta avec soin, c'est le portrait d'une femme musicienne, Angélique Ionatos, une poétesse de la nostalgie de l'exil qui fit ses premières armes musicales sur les trottoirs bruxellois. Elle a nourri les cordes de sa guitare et sa voix de son essence, ballotée entre sa Grèce natale, Bruxelles, sa ville initiatique, la France, sa terre d'ancrage, et les villes du monde qui l'accueillent le temps d'un concert.